. La comédie humaine. ois, je SUIS un vieux loup, je vais retrouver mes dents. — Tenez, père, voici mille francs quelle a voulu medonner sur notre gain. Gardez-les-lui, dans le gilet. Goriot regarda Eugène, lui tendit la main pour prendrela sienne, sur laquelle il laissa tomber une larme. — Vous réussirez dans la vie, lui dit le vieillard. Dieuest juste, voyez-vous? Je me connais en probité, moi, etpuis vous assurer quil y a bien peu dhommes qui vousressemblent. Vous voulez donc être aussi mon cher en-fant? Allez, dormez. Vous pouvez dormir, vous nêtespas encore père. Elle a pleuré, japprends
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. La comédie humaine. ois, je SUIS un vieux loup, je vais retrouver mes dents. — Tenez, père, voici mille francs quelle a voulu medonner sur notre gain. Gardez-les-lui, dans le gilet. Goriot regarda Eugène, lui tendit la main pour prendrela sienne, sur laquelle il laissa tomber une larme. — Vous réussirez dans la vie, lui dit le vieillard. Dieuest juste, voyez-vous? Je me connais en probité, moi, etpuis vous assurer quil y a bien peu dhommes qui vousressemblent. Vous voulez donc être aussi mon cher en-fant? Allez, dormez. Vous pouvez dormir, vous nêtespas encore père. Elle a pleuré, japprends ça, moi, quiétais là tranquillement à manger comme un imbécile pen-dant quelle souffrait; moi, moi qui vendrais le Père, leFils et le Saint-Esprit pour leur éviter une larme à toutesdeux! -— Par ma foi, se dit Eugène en se couchant, |e croîsque je serai honnête homme toute ma vie. H J a du plai-sir à suivre les inspirations de sa conscience. 11 ny a peut-être que ceux qui croient en Dieu qui. 3-^8 SCÈNES DE LA VIE PRIVEE. font le bien en secret, et Eugène croyait en Dieu. Lelendemain, à lheure du bal, Rastignac alla chez madamede Beauséant, qui lemmena pour le présenter à la du-chesse de Carighano. II reçut le plus gracieux accueil dela rtiaréchale, chez laquelle il retrouva madame de Nucin-gen. Delphine sétait parée avec lintention de plaire àtous pour mieux plaire à Eugène, de qui elle attendaitimpatiemment un coup dœil, en croyant cacher sonimpatience. Pour qui sait deviner les émotions dunefemme, ce moment est plein de délices. Qui ne sest sou-vent plu à faire attendre son opinion, à déguiser coquet-tement son plaisir, à chercher des aveux dans linquiétudeque lon cause, à jouir des craintes quon dissipera par unsourire ? Pendant cette fête, létudiant mesura tout à coupla portée de sa position, et comprit quil avait un étatdans le monde en étant cousin avoué de madame deBeauséant. La conquête de madame la baronne de